Créer son oracle/tarot
- La Blanche Dragonne
- 15 janv. 2019
- 9 min de lecture

Créer son oracle (ou tarot), voilà une entreprise qui semble (et qui l'est quand même) un peu compliquée.
Je me suis trouvée dans la position de celle qui est admirative devant les jeux des autres, de celle qui se demande « mais comment font-ils » ? ...La tâche me semblait tellement énorme mais qu'est- ce qu'y est réellement compliqué?Dessiner, élaborer son jeu ? Le choix du thème ? La structure ?
Beaucoup de question/nements surgissent quand on est du côté de l'observateur mais aussi quand on est praticien d'un art et que l'on voudrait créer son support personnel.
Maintenant je suis passée du côté des créateurs et de ma position je peux vous faire part de ma petite expérience. Je suis occupée à créer mon deuxième oracle donc tout est très frais dans ma tête et en pratique.
La Voie est né après de longues années de pratiques dans les domaines qu'il aborde. Il n’est pas le début de quelque chose mais vient boucler, en quelque sorte, un cheminement pratique et spirituel/développement personnel entrepris jusqu’au premier coup de stylet sur ma tablette graphique. Mon idée était de restituer mon bagage pour le mettre à disposition d'un plus grand nombre. Comme je le dis dans le livret : mon souhait était de mettre à disposition de tout à chacun un outil polyvalent qui rendrait la personne qui l'utilise pleinement autonome.
Ce qui aborde la première question : pourquoi créer son oracle ?
J'y ai répondu en vous disant pourquoi j'ai créer le mien. Maintenant, vous, pourquoi vous voulez créer le vôtre ? Que pensez- vous apporter de plus ou de différent sachant que ça pullule de jeux de toutes sortes. Si on devait les recenser on arriverait à combien d'oracles/tarots sur le marché ? Je me la suis posée cette question aussi : le mien aurait-il sa place? Manifestement oui et pourquoi selon vous ?
Demandez- vous peut-être :
"Que vais- je apporter moi de ce que je sais dans ce vaste monde où, il faut bien le dire, quasi tous les thèmes ont été abordés? En quoi mon bagage personnel sera utile aux autres ? Qu'est- ce que je veux transmettre ? Quelle est la finalité de ma démarche ?"
Nous sommes tous différents et théoriquement ce que l'on exprime de soi fait parti d'un vécu fait de pratique, fruits d'études plus ou moins vastes ou ciblées sur des sujets qui nous passionnent alors oui, chacun à sa place dans ce vaste océan qu’est la créativité et donc la création d'un support.
En ce sens, un jeu est le fruit et non la graine même si les mois passés à créer seront porteurs à leur tour de tout un travail intérieur profond, qui bouscule quelque fois, donne des coups de pieds, souvent. Créer son support c'est aussi travailler sur soi et inversement-> le support travaillera sur vous aussi.
Je suis occupée avec mon deuxième jeu et je peux vous assurez que je passe des nuits assez mouvementées car les rêves, les lames, les sujets vous parlent. Vous partez sur une idée et d'autres s'ajoutent car « l'inspiration » vous poursuit à chaque instant. Même quand vous ne dessinez pas, les dessins s'invitent à vous, les symboles non prévu pointent le bouts de leur nez comme par exemple cette vipère qui m'a harcelée jusque quand je l'ai dessinée ! La dame ne me lâchait pas :p
Ce qui nous mène au thème, illustrations :
Le thème sera le sujet que vous « maîtrisez » et que vous avez envie d'aborder car il fait partie de vous et vous avez envie de le restituer. Ne faites pas ce qui plaît mais faites ce qui vous parle à vous.
Les anges, les licornes, les sirènes, les dieux, le féminin sacré ou que sais- je sont des thèmes abordés mais si à vous « ça vous parle aussi », pourquoi pas ? Perso j'ai horreur des jeux angéliques, mielleux à souhait mais j'ai été ravie de découvrir l'Angelarium- Oracle of Emanations de Eli Minaya & Peter Mohrbacher qui est un jeu qui aborde les anges mais qui n'a absolument RIEN à voir avec les jeux de ...*j'ai la gorge qui gratte* ... d'une certaine D. V.
Donc voilà un thème très diffus mais qui abordé différemment m'a fait quand même craquer. C'est d'ailleurs mon jeu préféré tant dans le graphisme que dans le contenu.
J'aime les jeux sombres en général et l'esthétique est certainement un point important. Les images doivent me parler, elles ne doivent juste être belles ou graphiquement bien faites. Donc...
Faut-il savoir dessiner pour créer son support ?
Bonne question et certains se la pose certainement. Alors, NI... Vous voilà bien avancé ^_^... Allez, je vais donner mon avis.
J'aime les dessins bien fait mais c'est critère est subjectif. Comme je le disais plus haut, un dessin parfaitement réalisé peut me laisser totalement insensible tandis qu'un autre plus simple me donnera envie de m'y plonger. Je vais prendre un exemple : le tarot Ceccoli est très beau, les peintures sont absolument superbes mais...rien, je l'ai parce qu'il est beau et c'est tout. Pour moi il est bon pour la collection mais non pour un tirage, pas pour le moment en tout cas. Je suis insensible à l'art de Ceccoli pourtant j'aime les dessins. Il ne faut donc pas mélangé goût et sensibilité. Les deux sont subjectifs et votre sensibilité comme vos goûts esthétiques ne sont pas les miens.
Il y a des jeux qui possèdent des illustration moins élaborées mais où la force réside dans la capacité à détenir un univers auxquels nous sommes réceptifs. Donc voilà, le « ne pas savoir dessiner n'est pas un obstacle ». Il y aura un public pour votre art. ce qui est important c'est ce qu'il va transmettre, son aura, son atmosphère, sa personnalité à lui.
Ici je vais insisté sur un point : La Voie est simple dans son graphisme, je n'ai pas eu besoin de modèles pour sa réalisation. Le Dragon, le fœtus, tous les autres sont nés de ma tête mais pour celui en court et contenant des illustrations qui sont plus « réelles » j'ai besoin de modèles. Nous sommes ici dans le dessin de type « d'après nature » comme on dit en art. Ce qui implique le choix d'images qui vont servir de support à la création et ici j'insiste : ON NE RECOPIE jamais un artiste, une photo prise sur internet, non ! Même si on l'adapte à sa sauce, une image prise sur Google n'est peut-être pas libre de droit donc toujours vérifier quel usage légal il est possible de faire avec ce qui est mit en ligne, dans un livre, une revue ou que sais- je.
Soyez créatifs, reprendre le travail d'un autre fait preuve d'un manque de personnalité et qui dit manque de...dit carence... donc pas de substance propre. C’est un problème si l'on veut transmettre qui l'on est soi.
On ne confond bien évidement pas copie et inspiration, ce sont deux choses distinctes. Il y a des artistes qui m'inspirent mais jamais je ne ferais du « Ravynne Phelan » car je ne suis pas elle, je suis moi. (et pi j'y arriverais pas, elle est trop douée :p).
J’enchaîne avec le avec le contenu :
Voilà, Ravynne Phelan fait des dessins sublimes !!! Je l'aime même si parfois je tords du nez car certains personnages sont bizarres niveau proportions. Peu importe, c’est mon idole mais voilà, en oracle ou tarot créer par elle c'est niet. J'y arrive pas. Il y a trop d'éléments sur un dessin et cela m'embrouille la tête.
Simplicité, peu de contenu= efficacité. Cela me semble le bon compromis mais là encore : c'est selon chacun, c'est tellement subjectif...
La taille des lames :
Moi je les aime plutôt grandes et c'est encore une fois une question de goût. Trop grandes ça peut être gênant. Je me focaliserais plus sur la qualité (si cela dépendais de moi)
Ce qui nous amène à : combien de lame ?
Le mien en contient en contient 63 et le suivant en aura 40. Bien, sur quelle base ?
Ici cela dépendra de ce qui est suffisant pour faire passer ce que vous voulez apportez (la notion de partage est importante pour moi, je pense que vous l'aurez remarqué ^_^).
Au début je partais avec l'idée de ne faire que 47 lames mais il aurait manqué une partie importante de la structure du jeu. Donc 16 lames se sont ajoutée à la Voie.
Mais pourquoi pas 17 ou plus ? Je vais imagé cela en comparant le nombre de lames nécessaire à « parler pour ne rien dire » ou « ajouter "sucre alors qu'il y en a déjà bien assez » -> c'est à vous de sentir quand ce n'est pas assez ou (beaucoup) trop.
Idem, à partir de quel moment on sent que l'on parle trop, que l'on tourne en rond, qu'au final notre discussion n’apporte rien de plus à ce qui a déjà été dit?
Tout par de l'idée de base, du pourquoi on crée notre jeu. Je ne saurais donc pas répondre à cette question car elle ne peut trouver réponse qu'en vous même car vous connaissez votre travail. Créer un jeu c'est comme une recette, faire un gâteau... Trop de si ou de ça rendra le résultat soit indigeste ou à contrario, sans goût... Soyez chef de votre cuisine, le dosage parfait est obtenu qu'après avoir défini quel résultat final nous souhaitons obtenir.
La structure :
Si vous êtes arrivez au stade où vous voulez créer votre jeu c'est que vous avez une expérience dans le domaine que vous souhaitez aborder. Vous savez, quelque part en vous, ce qu'il faut pour que cela tienne la route et ce qui manquerait. Créer induit un état méditatif qui permet de faire ressortir des choses que l'on sait mais dont on n'a pas forcement conscience, c'est là que parfois naît « l'évidence ». Pensez encore une fois à la finalité, mettez- vous à la place de celui qui aura votre travail entre les mains. Pensez à ce dont vous vous auriez besoin, quelles seraient vos attentes ?
Toute architecture à besoin de fondements pour que cela tienne, quelles bases plantez- vous? Dans quel but? Matériel?
Le livret ? Quand et comment ?
Pour le livret de la Voie, je l'ai écrit après avoir fini les dessins. Pour celui en court, j'écris au fur et à mesure même si c’est au brouillon. Sincèrement, la deuxième option est plus simple que la première, au moins vous ne paniquerez pas quand vous arriverez à la phase écrite...Vous aurez déjà des bases même si elles évolueront au fur et à mesure des écrits.
Livre, livret ?
Je tente de faire le livre de la Voie, c'est clairement une chose qui peut se révéler un complément intéressant à l'oracle. Mais le livre c'est oui si on ne parle pas pour "meubler" donc il faut penser au plus qu'apporterai le contenu. Il devra forcément apporter un plus constructif sinon quel intérêt? Un livret bien fait est alors plus intéressant.
Édition, auto-édition ?
Pour moi clairement c'est l'édition. Être édité c'est aussi une forme de reconnaissance par rapport à son travail. De plus, comme c'est dans mon cas, je n'aurais jamais pu porter l'oracle là où il est arrivé. Donc, merci l'Alliance Magique pour leur confiance en mon travail et pour faire croître mon bébé. Être édité est une chance, c'est en tout cas ce que je pense.
L'auto- édition laisse plus libre mais il y a beaucoup de contraintes: choix de l'imprimeur (souvent en Chine car plus abordable), prix à établir souvent plus élevé que pour un jeu publié et donc cela peut être un frein pour certaines bourses, gestion des ventes (et les prises de tête qui vont avec) etc.
Oui, libre mais bon, cependant pas sans certains soucis qu'il faut être prêt à affronter.
Beaucoup d'auto-publiés font des demandes de crowdfunding, c'est une solution car il faut un certain budget pour les exemplaires à imprimer...même en Chine.
L'édition à ses règles, ses devoirs et obligations, idem pour l'auto-édition. Cette dernière doit être également , selon moi, en réponse à l'envie d'une vraie indépendance et non pas un rempart derrière lequel on se cache par peur de se confronter à l'avis d'un ou de pros du secteur.
Pour conclure :
J'espère avoir répondu à vos questions, avoir fait un peu de lumière sur le cheminement créatif d'un oracle.
Créer est un long parcours fait de moments exaltants et de doutes, de fatigue, d’investissement humain, d'heures de travail incalculables qui ne seront jamais repayées, jamais. Une lame de la Voie m'a parfois demander plusieurs jours de 15 heures sans arrêts (non, je n'exagères pas....).
Un dessin c'est pas « juste un dessin », cela va au delà car un oracle c'est 50/50 = autant de créativité que de connaissances, le tout à marier en harmonie pour que cela tienne la route.
Je rajoutes ceci : quand je crée, je m'enferme dans ma bulle, je ne lis plus rien qui ne sois pour et en rapport avec le travail en court. Je me ferme et fais barrière à toute influence extérieure qui ne soit enrichissante, constructive. Je ne me compare pas, je ne fais pas « comme machin ou bazar », je ne vais pas voir ce que font les autres, comment ils l'ont fait, non. Si vous créez, il faut que cela parte de vous.
Plantez, laissez germer, soyez le jardinier de votre espace. Ce qui sera récolté sera le fruit de votre travail: vrai et à votre image. Et surtout ne forcez rien, laisser venir à vous.
Artistiquement,
La Blanche Dragonne
Image couverture: Angelarium, Oracle Of Emanations et La Voie de l'Emeraude
©Tous droits réservés-2019
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